jeudi, mai 9, 2024

La hiérarchie sociale chez les Bayeke

Chez les Bayeke, il n’existe que trois classes sociales.

 

 

  1. La Noblesse
    1. Le Mwami Wihala ou Mtemi, le Roi Suzerain, c’est-à-dire Mwenda.
    2. Appartiennent presque à la même classe que lui, ses parents, c’est-à-dire les Banangwa, princes de sang, frères, enfants, et très proches parents du Mwami et les princesses de sang appelées Bahindakazi et non Inamfumu abusivement employé aujourd’hui. Il est à noter que la plupart des banangwa étaient bandeba ou batwale.
    3. Les Reines ou Bagoli dont trois principales avaient pour nom de règne immuable :
      1. La première, Nihanga ou Kapapa, parce que la première Nihanga s’appelait Kapapa.
      2. La deuxième, Nihozyo ou Kanfwa, parce que la première Nihozyo s’appelait Kanfwa.
  • La toisième, Shikeme ou Kamama, parce que la première Shikeme s’appelait Kamama.
  1. Les Dignitaires et les chefs des différents départements

Le Mwami s’entoure en effet de plusieurs dignitaires qui forment son conseil à la Cour. Chaque catégorie a son rôle à jouer.

  1. Les Bagabe : considerés comme la mère du Mwami, car le Mwami, une fois intronisé, ne peut plus jamais voir sa mère et le Mugabe en tient lieu (d’où la salutation qui leur est réservée SHI HEKA du verbe KUHEKA = porter sur le dos à l’image d’une mère). Ils sont très importants et font tout avec le Mwami. Ce dernier ne peut poser un acte important sans qu’un Mugabe soit là. Par exemple : le Mwami ne peut mettre son pied sur une peau de lion, de léopard, de pangolin, de défense d’éléphant etc, sans qu’un Mugabe soit là et fasse de même. Il en va aussi du sacrafice aux manes des ancêtres. Ils sont les prêtres des manes ainsi que tous les autres actes publics. La présence d’un Mugabe est indispensable.

Le Mugabe a pour insigne un Ndezi suspendu sur la poitrine au moyen d’une lanière en peau de lion. A l’investiture du Mwami Wihala ou du Mwami Mutemiwa, ils sont assis entre ses jambes.

 

  1. Les Batoni (du verbe Kutoneka = être aimé).Ils sont surtout juges, mais cette catégorie de dignitaires peut être comparée aussi au Ministère Public. Dans le temps, ils parcouraient l’empire et tranchaient les différends relevant du juge suprème qu’est Mwenda. Ils pouvaient aussi, uniquement sur ordre du Mwami Wihala, conférer le Ndezi.

 

  1. Les Bandeba ou chefs de caravanes commerciales du Mwami. Ils avaient comme insigne de commandement, un Nkome (sceptre).

 

  1. Les Bakalama ba Mwami: Serviteurs ou pages du Mwami.

 

  1. Les Bana Bwami (littéralement : les enfants du Bwami, de la Cour). C’est, pour ainsi dire, la garde personnelle du Mwami.

 

  1. Les Bamolega (du verbe Kumolega = Eclairer). Ils composent la garde prétorienne. Ils ont en outre la prérogative de placer et d’enlever le Ndezi du Mwami. Il n’est donc pas concevable que ce dernier entreprenne un voyage sans être accompagné d’un Mumolega pour l’habiller. De même lors de son inhumation. Lors de l’investiture, ils assistent, évidemment, flambeau allumé à la main.Ils ont pour insigne, deux cornes d’antilopes, des bois suspendus sur la poitrine, ou un Ndezi à l’image des Bagabe. Leur salutation est : SHA MUMOLEGA.

 

  1. Les Bazabula (du verbe Kuzabula = retirer de). Ils peuvent conférer le Ndezi, mais uniquement sur ordre du Mwami. Leur rôle est surtout primordial lors de l’investiture du Mwami. Le Muzabula et le Mumolega se tiennent à gauche et le Mufumu et son aide à droite du Mwami à investir. Il retire les Ndezi du récipient où les a déposés le Mufumu et les remet à ce dernier qui en pare le nouveau Mwami, selon un ceremonial spécial. Ils ont pour insigne deux griffes de lion suspendues sur la poitrine. Leur salutation est SHA MUZABULA.

 

  1. Les Batwale ou généraux (du verbe Kutwala = Conduire). Leur insigne de commandement est le Lukunza, drapeau. Ce dernier était porté par le Kirongozi, escorté sans cesse par une garde spéciale appelée les Bantiko ou adjoints du Mutwale (=singulier de Batwale) dont l’un se substituait au Kirongozi en cas d’accident. Ils devaient défendre le Lukunza au prix de leur vie. Ils ne pouvaient tomber aux mains de l’ennemi auquel cas il y allait de la vie de Kirongozi. Lorsque cela arrivait, c’était un signe de défaite chez les Bayeke. On peut comparer le Lukunza aux aigles romaines.

 

  1. Les Bami Batemiwa ou rois vassaux. Ils portent un Ndezi fixé sur la tête par une lanière en peau de lion qui pend sur la nuque et tombe sur le dos. Avec l’autorisation du Mwami Wihala, ils peuvent avoir des Batoni, des Bandeba, conférer le Ndezi à leurs vassaux, s’approprier l’ivoire, les peaux de fauves, etc. Autochtones, pour la plupart ou Yeke, ils avaient un rôle politique très important. C’est en effet eux qui dirigeaient les différentes provinces ou Mayanga de l’empire, administrant leurs sujets selon leurs coutumes propres sous réserve du respect de la loi et de la volonté du Mwami qui avait un représentant dans chaque province.

 

 

 

 

  • Les personnes de statut inférieur

Msiri et les Bayeke ont toujours eu en horreur de l’esclavage et surtout de la traite qui était formellement interdite et sévèrement réprimée. Cependant, ils admettaient l’esclavage domestique et les esclaves jouissaient d’une situation satisfaisante comme nous le verrons plus loin. En tout cas, il est indéniable que leur sort était beaucoup plus enviable que celui des autres esclaves, en Afrique ou ailleurs, et même que celui des serfs du Moyen-âge en Europe. L’esclavage chez les Bayeke n’était pas héréditaire pour ne prendre que cet aspect des choses. Bien entendu, comme partout et dans tout ce qui a trait à la nature humaine, il existait de bons maîtres et d’autres moins humains mais, la coutume, la loi et la sévérité de Msiri étaient là pour rappeler ces derniers à l’ordre.