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Godefroid Munongo vit le jour le 20 Novembre 1925 à Bunkeya. Son père, le Mwanangwa Mutampuka Munongo, régna sous le nom de Musanfya Ntanga. Sa mère était la Mugoli (reine) Luebo Lwa Nkolomba, une femme du Bwaushi du Katanga.
A sa naissance, c’est le Mwami Kitanika (son oncle/père) qui régnait. Kitanika, comme il l’avait fait auparavant pour d’autres enfants, s’assura de l’éducation du jeune Godefroid. Au lieu de le laisser rejoindre ses frères aînés aux études primaires, il le garda à la cour jusqu’à l’âge de 11 ans, afin de lui apprendre toutes les méandres et subtilités de la tradition Yeke, choses que le jeune Godefroid mémorisa sans faille.
Vers 1936, Godefroid commença ses études primaires à Bunkeya, et continua ses études à l’école primaire Saint-Boniface à Elisabethville. Ensuite il s’en alla terminer ses études humanitaires à la mission catholique de Kapiri dans les humanités anciennes. Après les humanités, il fut admis au Grand Séminaire de Baudouinville pour des études en philosophie de 1947 à 1949. En 1954, il termina ses études en Administration Publique et reçut un diplôme de l’école des sciences administratives de Lovanium Kisantu, la première université francophone d’Afrique Centrale.
De retour des études, il fut engagé dans divers postes administratifs au Katanga, tels que attaché au bureau de tutelle en 1954, greffier au Tribunal d’Elisabethville, juge de police du Tribunal responsable du bureau des cartes d’identité, chef de bureau au service des pensions pour les populations indigènes, comme les belges appelaient les congolais), et agent territorial en 1959.
Vers la fin des années 1950, Godefroid devint plus actif dans la vie politique du Katanga, au moment où la majorité des congolais revendiquaient plus de droits et de justice. Le Katanga, étant la province la plus nantie en termes de ressources minières, n’en demandait pas moins. En bref, les ressources du Katanga, non seulement enrichissaient la Belgique, mais elles gardaient les autres provinces du Congo à flot, sans pour autant améliorer le sort des Katangais. Ce sont ces mêmes politiques iniques qui motivèrent Godefroid Munongo et Moise Tshombe, de concert avec leurs camarades, à créer la Confédération des Associations Tribales du Katanga (CONAKAT) en Octobre 1958. Il en fut le premier président, mais comme il était fonctionnaire de l’état, il céda la place à Moise Tshombe. La CONAKAT prônait une plus grande autonomie de la province Katangaise, surtout en matière de la redistribution des richesses et des décisions politiques. Dans son rôle en tant que fonctionnaire de l’état, il était administrateur de l’établissement publique d’Inga, et dans ses fonctions, il participa aux travaux du conseil de Bruxelles en Novembre 1959. Ensuite il fut membre du collège exécutif près le Gouverneur du Katanga au 1er semestre en 1960, avant d’être élu député provincial dans le territoire d’Elisabethville.
Onze jours après la déclaration de l’indépendance du Congo, les Katangais déclarèrent leur sécession du Congo, et leur propre indépendance qui dura 3 ans (11 Juillet 1960-15 Janvier 1963).
Godefroid Munongo fut président du gouvernement provisoire du Katanga du 26 Avril 1961 au 22 Juin 1961, et fut nommé Ministre de l’intérieur jusqu’en 1963.
Après la sécession :
De Février 1963 à Juillet 1964, il fut progressivement Ministre de la Justice et Ministre de la Sante Publique dans le gouvernement du Katanga Oriental.
Du 9 Juillet 1964 au 9 Juillet 1965, il fut Ministre de l’Intérieur et la Fonction Publique dans le gouvernement central de Moise Tshombe. D’octobre 1965 au 25 avril 1966, il fut Gouverneur du Katanga Oriental.
Du 25 avril 1966 au mois de décembre 1966, il fut Gouverneur du Sud-Katanga, peu de temps avant sa première arrestation en fin 1966. Accusé de comploter avec les mercenaires pour raisons subversives, il fut arrêté et amené à la prison de Bula Bemba, une ile dans le Bas-Congo se trouvant dans l’embouchure du fleuve Congo, sous l’ordre de joseph Désiré Mobutu, président dictateur (1965-1997). Le 30 Aout 1968, il fut gracié et libéré de Bula Bemba par ce dernier.
A sa sortie de prison jusqu’au début des années 1970, Godefroid Munongo, se réinséra progressivement dans la vie active, travaillant dans diverses fonctions et organisations. Il fut vice-président de l’Office des Transports Congolais (OTRACO en sigle). Ensuite il devint vice-président de l’Institut de Gestion du Portefeuille.
De 1974 à 1976, il fut Président Directeur Général à la Société Zaïro-Italienne de Raffinage (SOZIR). En 1976, à l’âge de 71 ans, son frère aîné, le Mwami Mwenda Luhinda Shalo Antoine Munongo rendit l’âme à Bunkeya. Le conseil des notables choisit Godefroid comme 5è successeur au trône de Msiri. Le 12 Septembre 1976, il fut intronisé à Bunkeya.
Godefroid Munongo choisit le nom de règne de Mwenda Msiri Shyombeka we Shalo, qui veut dire, le bâtisseur de la nation. Il s’adonna au développement et à la conservation des racines culturelles et historiques des Bayeke, comme l’avaient entamé tous ses prédécesseurs. Le Mwami Shyombeka s’engagea dans la rénovation des sites historiques, tels que le Mt Nkulu, le puits de Kimpata, la construction du canal de Bunkeya, et tant d’autres projets. Il remit l’accent sur les rites traditionnels, tout en restant un fervent chrétien. A ses yeux, il n’y avait aucune incompatibilité entre l’existence de notre Dieu créateur et les traditions Yeke, car ces dernières représentent notre identité, et non du folklore. Comme ses pères, le Mwami Shyombeka fit un point d’honneur de visiter son peuple et d’organiser des tournées dans l’empire entier, visitant ses vassaux dans les Mayanga (villages formant le Royaume Yeke).
Au début des années 1980, le Mwami fut nommé membre du comité central et ensuite commissaire d’état à l’administration du territoire dans le gouvernement de Kengo Wa Dondo. Ce poste ministériel lui permit d’entamer une longue défense du peuple rural et les intérêts des chefs coutumiers. En 1990, la conférence Nationale fut initiée. Elle était sensée, á son aboutissement, fixer une date électorale et promouvoir la démocratisation de l’ex Zaïre. Il y participa en tant que chef coutumier dans la délégation du Shaba (Katanga). Suite à des attaques insistantes et acrimonieuses par les médias sur la mort de Lumumba, le Mwami Shyombeka Godefroid Munongo décida qu’il était temps de mettre fin à cette avalanche de diffamations et avancées mensongères. Il annonça que le 28 Mai 1992, il briserait le silence sur la mort de Lumumba. Son allocution était prévue pour 17heures. À 12 heures 30 le même jour, il fit une crise cardiaque mystérieuse qui l’emporta. Il est clair, sans l’ombre d’un doute, que les propos du Mwami Msiri Shyombeka Godefroid Munongo allaient être gênants pour certains et dévastateurs pour d’autres. Il fallait l’empêcher de briser ce silence…Malgré tout, son héritage et sa mémoire survivent. Son amour pour le Katanga et son peuple est une inspiration et une composante indélébile de notre histoire.
Le Mwami Shyombeka était père de neuf enfants, dont nous citons les noms des hommes :
· Mwami Mwenda Msiri Mwemera Christian Munongo (décédé)
· Symphorien Mutampuka Munongo (décédé)
· Claude Mwansa Munongo
· Dominique Inamizi Munongo
· Marie-Ange Kamama Munongo
· Odile Luebo Munongo
· Mwami Mwenda Bantu Kaneranera Godefroid Munongo Jr.
· Eric Kazembe Mwika Munongo
· Patrick Kalenga Munzyalira Munongo