Mwami Kitanika Mabumba Mushalila

Le Mwami Mwenda Kitanika Mabumba était le fils de Msiri et d’Inamizi, une femme de Malungu en Rhodésie. Connu sous le nom de Nasolya, Kitanika naquit vers le milieu des années 1860. C’était un homme réfléchi et de nature posée, mais quand il était nécessaire, Kitanika pouvait être très strict et inflexible.

Kitanika n’était pas très grand de taille, comme son père. Il avait à peu prés 1m70. Il se considérait comme celui sur qui toutes les charges incombaient. Cette vue austère devrait être placée dans le contexte de l’assassinat de Msiri en 1891, le décès pénible de son frère Mukanda Bantu, après plusieurs années de guerre et d’empiétement incessant des forces coloniales sur notre royaume. Cependant, il procéda de manière différente, selon les temps nouveaux, et opta pour la solution la plus plausible : la diplomatie. Son frère Mukanda Bantu avait déjà initie ce processus vers la fin de son règne.

Le Mwami dut lutter contre les représentants du gouvernement central, qui furent autorisés d’endiguer les pouvoirs du Roi Yeke. L’approche des colonisateurs prouva être un vœu pieux, car le peuple continua de répondre au Mwami, avant d’accéder aux exigences du gouvernement. En fin de compte, bien que Kitanika apparut comme étant trop diplomate, il fut un leader habile, qui par sa sagacité était bien en avance de son temps dans notre culture. Quelques-uns de ses frères pugnaces auraient souhaité un ton plus sévère envers les Belges. Toutefois, Kitanika comprit que le paysage politique avait changé à notre détriment.

Contrairement a Mukanda Bantu, Kitanika régna à partir de Bunkeya, ainsi ramenant la capitale son prestige d’antan : la dernière capitale du Garanganze. D’ailleurs, c’est pendant son règne que la reconstruction de Bunkeya eut lieu. L’église de Bunkeya, les bureaux administratifs des Milumba, le Palais Royal du Lupiri, furent initiés ou construits pendant son règne.

Kitanika fut le premier Mwami baptisé comme catholique en 1938, à peine deux ans avant son décès. Son nom de baptême était Albert. Comme son père Msiri plusieurs années avant, Kitanika autorisa l’éclosion de plusieurs églises à Bunkeya, et la conversion des masses sans interférence. Néanmoins, ce n’est pas tout le monde qui d’office adopta la chrétienté. Son successeur Munongo ne fut pas si gré de discerner entre les missionnaires et les colonisateurs, car en ce temps là, la différence était plutôt opaque.